Les installations avaient été pensées pour des gens qui vivaient là tout le temps et avec une autre mentalité, indique Luc Richard, le fontainier de la commune. Les mœurs ont changé et avec eux les besoins en eau des alpages ont décuplé. Elevage intensif et mécanisation ont transformé les agriculteurs en entrepreneurs et les vaches en usine à lait, image cet employé communal.
Résultat, pour produire plus, celles-ci consomment plus. La qualité du lait devant rester identique en alpage, le nettoyage des réservoirs et du matériel de traite a imposé d’autres nouveaux besoins. Tandis que la fromagerie locale, elle aussi gourmande en eau, les a accentués.
L’exploitation de l’or bleu était d’autant plus paradoxale à Bassins que l’eau était soustraite à ses habitants au plus mauvais moment, en pleine période d’étiage.
L’idée de creuser et de clôturer des étangs fut abandonnée pour des raisons esthétiques d’atteintes visuelles aux pâturages.
Le solution retenue sera celle de l’installation de pompes à énergie solaire. A l’époque, personne d’autre que Didier Lohri n’y croit, pas même le directeur d’Amax Energie à Gland qui commercialise cette solution d’origine américaine.
L’idéalisme et la perspicacité de Didier Lohri vont pourtant triompher.
Enseignant à l’école technique d’informatique et de télécommunications de Lausanne, le Bassinois confie l’étude et le co-pilotage de ce projet à ses élèves. Ceux-ci dénichent la pompe miracle capable de fonctionner avec du 24V et de refouler l’eau sur 60m de dénivelé et 200m de long.
Leur travail consistera notamment à procéder à son adaptation grâce à des calculs concernant la taille des panneaux et leur orientation.
D’autres écueils devront ensuite être surmontés comme l’enfouissement à moindre coût à 60 cm dans le sol des canalisations.
Le résultat de cette innovation parle de lui-même.
En 2006, ces pompes ont permis le refoulement de 1240m3 d’eau. Cette quantité correspond à une économie de 124 transports par camion depuis le village. L’acheminement de 20m3 d’eau revenait avant leur installation à 600 francs par camion soit un cinquième du prix des premières pompes.
La dernière a coûté plus cher que les autres (5313 francs) en raison de panneaux solaires plus grands.
Gestion économique du réseau d’eau du village optimisée, dégradation des routes ralentie, pollution atténuée, remise en valeur des sources sans atteinte au paysage: le bilan de cette innovation est si flatteur que le parc jurassien a pompé l’idée।
En 2000, six pompes immergées fonctionnaient à Bassins. Depuis 2006, ce total a été porté à neuf. Sur la même période, les compteurs ont révélé que l’eau refoulée sur les citernes était passée de 821m3 à 1241m3. Un résultat d’autant plus satisfaisant que le nombre de jours d’exploitation a diminué de 180 à 150. Chaque pompe refoule 1000 litres d’eau par jour aujourd’hui.
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