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Attention danger mercure !


Comment le mercure est-il devenu un polluant redoutable ?

« Gardons la santé, arrêtons le mercure » : voilà un slogan que l’on ne verra sur aucune affiche électorale et pourtant éminemment politique, car il relève de l’intérêt général. La pollution par le mercure figure, depuis 2001, sur l’agenda du conseil d’administration du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) en raison de son caractère diffus, chronique et planétaire. Le « vif-argent » et ses composés constituent des substances très toxiques tant pour l’environnement que pour l’homme. À fortes doses, le mercure peut entraîner la mort, mais des doses relativement faibles suffisent déjà à gravement endommager le système nerveux. Bien qu’il existe des émissions naturelles de mercure, l’activité humaine a considérablement augmenté sa présence dans l’environnement, où il persiste et peut se transformer en sa forme la plus toxique, le méthylmercure. Ce dernier se retrouve notamment dans la chaîne alimentaire aquatique et finit par s’accumuler dans l’organisme humain. En sus de s’ajouter à la longue liste des polluants présents malgré nous dans nos corps, ce composé mercuriel présente une particularité redoutable : il est transmis de la mère à l’enfant lors de la grossesse car il traverse la barrière placentaire ainsi que la barrière hémato-encéphalique. Le système nerveux, en développement chez le foetus et le jeune enfant, est de surcroît particulièrement vulnérable à l’action de ce polluant, se traduisant, entre autres, par une réduction du quotient intellectuel.

Afin d’alerter les décideurs sur cette

- « attaque chimique du cerveau de l’enfant », le CNIID (1), en partenariat avec les réseaux Health Care Without Harm et Health & Environment Alliance, a publié en janvier 2007 les résultats d’une analyse de cheveux de plus de 250 femmes de 21 pays. L’étude a révélé des niveaux détectables de ce métal lourd chez 95 % des femmes. Les ONG de défense de l’environnement et de la santé exhortent les décideurs à réduire à la source - par des mesures d’échelles nationale, européenne et internationale - les émissions anthropiques de mercure et, ainsi, l’exposition de l’environnement et du corps humain. C’est pourquoi le CNIID estime que la priorité doit être accordée à l’adoption rapide, à tous les niveaux et par tous les acteurs, de produits et de technologies de substitution, déjà disponibles pour la plupart des usages du mercure.

Début 2005, la Commission européenne a lancé une « stratégie communautaire sur le mercure », forte de 20 actions, pour réduire l’exposition de la population et les émissions du mercure dans l’environnement. Si les ONG se félicitent des objectifs généraux de cette stratégie, ils estiment que plusieurs de ses aspects doivent être renforcés afin de répondre pleinement à la situation sanitaire et environnementale actuelle, comme l’illustrent les deux législations européennes en cours d’élaboration.

La première, entre autres, restreint l’exportation du mercure en provenance de l’UE, première exportatrice mondiale de ce métal lourd. Les ONG estiment essentiel d’appliquer ce règlement avant la date proposée par la Commission européenne (2011), et d’élargir son champ d’application. Nous souhaitons qu’outre le mercure métallique, ce règlement couvre les composés mercuriels et les articles à mercure interdits sur le marché européen, et que cette future législation interdise toute importation de mercure ou de ses composés.

La deuxième législation limite la mise sur le marché de certains dispositifs de mesure à mercure non électroniques ou électriques. La vente de thermomètres médicaux à usage humain est interdite en France depuis bientôt dix ans, mais ce n’est pas le cas partout en Europe. Néanmoins, il serait réducteur d’appliquer cette directive aux seuls dispositifs grand public (baromètres, thermomètres...) et de ne pas l’élargir aux dispositifs de mesure professionnels, avec à la clef un double bénéfice social : réduire les risques d’une exposition accidentelle à la maison ou au travail, ainsi que la présence de ce polluant dans la filière des déchets. Aujourd’hui, d’importantes sources d’émission de mercure sont en effet les incinérateurs de déchets ménagers, sur la construction desquels le CNIID demande un moratoire en raison de leurs risques sanitaires et environnementaux.

(1) Membre de Health Care Without Harm

et de Zero Mercury Working Group.

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